Les maladies du Père Noël
Chaque année, alors que nos cabinets débordent de viroses, de toux hivernales et de lombalgies aiguës post-déneigement, un patient échappe systématiquement à nos agendas : le Père Noël. Pourtant, à analyser son mode de vie et ses conditions de travail, il réunirait un nombre impressionnant de facteurs de risque. Loin de la magie et de la poésie, prenons quelques instants pour examiner les maladies auxquelles il serait particulièrement exposé.
1. Les maladies cardio-métaboliques : une hyperglycémie programmée
Les biscuits au beurre, les chocolats artisanaux et les verres de lait du monde entier constituent, en une seule nuit, une charge glucidique colossale. Même les patients les plus réfractaires aux conseils nutritionnels n’arrivent pas à un tel bilan glycémique. Ajoutons à cela un tour de taille généreux et une sédentarité relative le reste de l’année : le tableau est idéal pour un syndrome métabolique, une hypertension artérielle ou une dyslipidémie persistante.
2. Les atteintes respiratoires
Effectuer un travail nocturne, en haute altitude, exposé aux vents glacés et aux transitions thermiques brutales entre l’extérieur polaire et l’intérieur des foyers, représente un terrain propice aux bronchites, trachéites et autres exacerbations respiratoires.
Image. Dites « Hohoho » !
3. Les troubles musculo-squelettiques
Porter un sac contenant des milliers de cadeaux et multiplier les postures acrobatiques pour accéder aux cheminées défie toutes les normes ergonomiques. Entre le soulèvement répété de charges considérables, les mouvements en torsion, les marches d’escaliers interminables et les flexions intempestives, les risques de lombalgie aiguë, de tendinopathies ou de lésions de la coiffe des rotateurs sont omniprésents.
4. Les troubles du rythme circadien
Accomplir un tour du monde en une nuit équivaut à enchaîner tous les fuseaux horaires de la planète sans repos ni synchronisation biologique. Dans une perspective médicale réaliste, cela annoncerait un tableau de fatigue extrême, d’insomnie, d’altération cognitive légère et de perturbation du système immunitaire. Un pilote de ligne à côté, ce n’est rien.
5. Le risque infectieux
En visitant successivement des millions de foyers en pleine saison épidémique, le Père Noël s’expose à un nuage hétérogène de virus : rhinovirus, VRS, coronavirus saisonniers, influenza…
Chaque poignée de biscuit représente potentiellement un nouvel agent infectieux, chaque sapin un aérosol domestique, chaque cheminée un réservoir de particules douteuses.
Image. Qui soigne qui ?
Alors, pourquoi n’est-il jamais malade ?
Face à un tel cumul de risques, le Père Noël devrait théoriquement être le patient le plus fragile de l’hémisphère Nord. Pourtant, aucun syndrome grippal, pas la moindre bronchite, aucune lombalgie n’est jamais venue perturber sa tournée. La seule explication plausible est peut-être la plus inattendue : selon une étude parue dans le New Laponia Journal of Medicine, sa bonne humeur inépuisable agirait comme un facteur protecteur majeur. L’euphorie festive, la joie chronique et l’enthousiasme professionnel auraient chez lui un effet immunomodulateur hors norme, renforçant ses défenses, améliorant sa tolérance au froid et stimulant sa vitalité bien au-delà de nos modèles physiologiques classiques.
Autrement dit : chez le Père Noël, la santé ne serait pas seulement une affaire de métabolisme magique… mais aussi de bonne humeur thérapeutique. 🎅
Joyeuses fêtes !
Toute l’équipe de CabinetMedical.ch se joint à moi pour vous souhaiter de joyeuses fêtes !
Jean Gabriel Jeannot, le 17.12.2025