OpenEvidence, la source d’information médicale ultime ?
OpenEvidence est une plateforme d’intelligence artificielle conçue pour assister les médecins dans leurs prises de décisions cliniques. Lancée en 2023, la plateforme se distingue par son entraînement exclusif sur des données médicales de haute qualité, vérifiées par des pairs, provenant notamment du New England Journal of Medicine et du réseau JAMA.
Des sources d’informations plus fiables
L’IA d’OpenEvidence est exclusivement nourrie par des bases de données médicales sélectionnées et des publications scientifiques évaluées par des pairs. L’IA n’a aucune connexion à l’internet public pour son entraînement, éliminant le risque d’intégrer des informations non vérifiées provenant de blogs santé ou des médias sociaux.
Contrairement aux modèles d’IA généralistes, OpenEvidence s’appuie sur une approche de recherche dite « Retrieval-Augmented Generation », actualisée chaque jour pour garantir l’accès aux études et recommandations les plus récentes. Que signifie ce « Retrieval-Augmented Generation » ? Avant de générer une réponse, le système interroge des sources externes (articles, études, recommandations, etc.) et utilise ces documents pour produire une synthèse fondée et à jour.
La transparence est une de ses qualités : chaque recommandation ou réponse générée par la plateforme est accompagnée de citations et de références directes vers les sources utilisées, ce qui permet aux médecins de vérifier l’origine et la qualité de l’information.
OpenEvidence ne doute en tout cas pas de ses performances, son slogan est « OpenEvidence is the leading medical information platform ». Ni plus, ni moins.
Une aide pour les médecins
Les médecins peuvent interroger l’IA directement pendant la consultation pour obtenir des recommandations fondées sur la médecine basée sur les preuves, les réponses sont référencées. Il est possible d’interroger la plateforme en français.
OpenEvidence est devenu le premier système d’IA à obtenir un score supérieur à 90 % à l’examen américain d’autorisation d’exercer la médecine (USMLE), confirmant ainsi sa capacité à traiter et à appliquer des informations cliniques complexes au niveau d’un médecin qualifié. L’adoption de la solution s’est réalisée principalement par bouche-à-oreille, notamment aux États-Unis où près de 25 % des médecins l’utiliseraient déjà.
Elle est conçue comme un outil d’assistance au médecin, et non comme un remplaçant.

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Quelles sont les principales applications concrètes d’OpenEvidence en consultation ?
Cette plateforme trouve de nombreuses applications concrètes en consultation médicale, couvrant un large spectre de situations du quotidien des médecins. Son objectif est d’apporter des réponses rapides à des questions cliniques pointues, y compris durant la consultation.
Ses ambitions vont cependant au-delà : analyse d’images médicales, personnalisation des traitements, gestion des maladies chroniques (dans des cas concrets comme l’hypertension, le diabète, la dépression ou l’obésité, OpenEvidence apporte des recommandations précises et actualisées concernant la prise en charge, le suivi et la prévention des complications) et enfin, accès à la littérature et à la veille scientifique.
Attention à n’utiliser que des données non identifiantes, au risque sinon d’enfreindre la loi. Deuxième avertissement, les données d’adoption et de performance sont prometteuses, mais encore majoritairement américaines ; l’évaluation en contexte suisse (indications remboursables, médicaments, ressources locales) reste indispensable.
Accès et gratuité
Il est possible de l’utiliser sans inscription mais le nombre de requêtes est limité. Pour un accès illimité, il faut s’inscrire, l’inscription est gratuite. L’application est gratuite et illimitée pour les professionnels de la santé (j’ai réussi à m’inscrire avec ma carte de la FMH !). Elle est disponible sur iOS et Android, ainsi qu’au travers d’un navigateur : www.openevidence.com.
Apparemment, son modèle économique est celui de la publicité, « ce qui permet de fournir gratuitement un service coûteux aux médecins ». Cette plateforme restera-t-elle gratuite ? L’avenir nous le dira.
Jean Gabriel Jeannot, le 10.09.25
1er exemple: le Condrosulf est-il utile chez les patients souffrants d'arthrose ?
La question posée est: Quelle est l’utilité de la chondroïtine sulfurique dans le traitement de l’arthrose ? Que montrent les études, quels sont les bénéfices, chez quels patients?
La réponse d’OpenEvidence
La chondroïtine sulfurique est utilisée comme traitement symptomatique de l’arthrose, principalement du genou et de la main. Les études cliniques et méta-analyses montrent que la chondroïtine sulfurique de grade pharmaceutique, à la dose de 800 mg/jour, apporte un bénéfice modeste mais significatif sur la douleur et la fonction articulaire par rapport au placebo, avec une efficacité comparable à celle du célécoxib sur 6 mois dans l’arthrose du genou.[1-4] L’effet est généralement observé après plusieurs semaines de traitement et peut persister après l’arrêt.
Les bénéfices incluent une réduction de la douleur (amélioration de 8 à 10 points sur une échelle de 0 à 100), une amélioration de la fonction (Lequesne Index), et un ralentissement modeste de la perte de l’espace articulaire, suggérant un effet structure-modificateur.[1-3][5-6] La tolérance est excellente, avec peu d’effets indésirables graves et une meilleure sécurité digestive que les AINS.[1][3][7-8]
Les patients les plus susceptibles de bénéficier sont ceux présentant une arthrose symptomatique légère à modérée, en particulier du genou, qui recherchent une alternative ou un complément aux AINS, notamment en cas de risque digestif ou rénal accru. Il est recommandé d’utiliser des formulations de qualité pharmaceutique, car l’efficacité des compléments alimentaires est plus variable.[2-3][7]
En résumé, la chondroïtine sulfurique est une option thérapeutique sûre et modérément efficace pour l’arthrose symptomatique, surtout du genou, à privilégier chez les patients à risque d’effets secondaires des AINS ou en recherche de traitements complémentaires.[1-4][6][8]
1. Pharmaceutical-Grade Chondroitin Sulfate Is as Effective as Celecoxib and Superior to Placebo in Symptomatic Knee Osteoarthritis: The ChONdroitin Versus CElecoxib Versus Placebo Trial (CONCEPT). Reginster JY, Dudler J, Blicharski T, Pavelka K. Annals of the Rheumatic Diseases. 2017;76(9):1537-1543. doi:10.1136/annrheumdis-2016-210860.
2. Efficacy of Chondroitin Sulfate in Patients With Knee Osteoarthritis: A Comprehensive Meta-Analysis Exploring Inconsistencies in Randomized, Placebo-Controlled Trials. Honvo G, Bruyère O, Geerinck A, Veronese N, Reginster JY. Advances in Therapy. 2019;36(5):1085-1099. doi:10.1007/s12325-019-00921-w.
3. Symptom and Structure Modification in Osteoarthritis With Pharmaceutical-Grade Chondroitin Sulfate: What’s the Evidence?. Hochberg M, Chevalier X, Henrotin Y, Hunter DJ, Uebelhart D. Current Medical Research and Opinion. 2013;29(3):259-67. doi:10.1185/03007995.2012.753430.
4. Clinical Review of Chondroitin Sulfate in Osteoarthritis. Uebelhart D. Osteoarthritis and Cartilage. 2008;16 Suppl 3:S19-21. doi:10.1016/j.joca.2008.06.006.
5. Chondroitin for Osteoarthritis. Singh JA, Noorbaloochi S, MacDonald R, Maxwell LJ. The Cochrane Database of Systematic Reviews. 2015;1:CD005614. doi:10.1002/14651858.CD005614.pub2.
6. Chondroprotection and the Prevention of Osteoarthritis Progression of the Knee: A Systematic Review of Treatment Agents. Gallagher B, Tjoumakaris FP, Harwood MI, et al. The American Journal of Sports Medicine. 2015;43(3):734-44. doi:10.1177/0363546514533777.
Reginster JY, Veronese N. Aging Clinical and Experimental Research. 2021;33(1):37-47. doi:10.1007/s40520-020-01643-8.
8. The Safety and Efficacy of Glucosamine and/or Chondroitin in Humans: A Systematic Review. Baden KER, Hoeksema SL, Gibson N, et al. Nutrients. 2025;17(13):2093. doi:10.3390/nu17132093.
2ème exemple: PSA ou pas PSA ? Un document à donner au patient
La question posée est: un de mes patients âgé de 52 ans me demande s’il faut faire une analyse sanguine pour le PSA. Dans une telle situation, il est recommandé une « décision médicale partagée ». Génère un texte que je pourrai donner à mon patient qui explique les bénéfices et les limites du dosage du PSA, afin qu’il puisse décider en étant informé.
La réponse d’OpenEvidence
Dépistage PSA : information patient
Le dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA) est un test sanguin utilisé pour dépister le cancer de la prostate. Avant de décider de faire ce test, il est important de bien comprendre ses avantages et ses limites.
Bénéfices possibles du test PSA :
– Le test PSA peut aider à détecter un cancer de la prostate à un stade précoce, parfois avant l’apparition de symptômes.
– Selon les études, le dépistage par PSA pourrait éviter environ 1 décès par cancer de la prostate pour 1 000 hommes dépistés sur une période de 13 à 15 ans.[1][2][3]
– Le dépistage peut aussi réduire légèrement le risque de développer une forme grave ou métastatique du cancer.[1][2]
Limites et risques du test PSA :
– La plupart des cancers de la prostate évoluent lentement et ne causent pas de problème de santé grave. Beaucoup d’hommes ne développeront jamais de symptômes ni de complications liées à ce cancer.[1][4]
– Le test PSA n’est pas spécifique au cancer : un taux élevé peut être dû à d’autres causes comme une hypertrophie bénigne de la prostate ou une infection.[5]
– Un résultat anormal peut entraîner des examens complémentaires, comme une biopsie de la prostate, qui comporte des risques (douleurs, infections, saignements).[2][4]
– Le dépistage peut conduire à un surdiagnostic, c’est-à-dire à la découverte de cancers qui n’auraient jamais causé de problème. Cela peut entraîner des traitements inutiles, avec des effets secondaires possibles comme l’incontinence urinaire ou des troubles de l’érection.[1][2][4]
– Environ 10 à 15 % des hommes auront un résultat faussement positif après plusieurs tests, ce qui peut générer de l’anxiété et des examens inutiles.[2]
Ce que recommandent les sociétés savantes :
– Les sociétés américaines (US Preventive Services Task Force, American Urological Association) et européennes recommandent de discuter avec le médecin des avantages et des risques du dépistage, afin de prendre une décision adaptée à chaque personne.[1][2]
– Le dépistage par PSA est généralement proposé entre 50 et 69 ans, mais il peut être discuté plus tôt chez les hommes à risque élevé (antécédents familiaux, origine africaine).[2][5]
– Il n’est pas recommandé de faire ce test systématiquement sans discussion préalable, ni après 70 ans, car les risques dépassent les bénéfices.[1][2]
En résumé :
Le dépistage du cancer de la prostate par PSA présente un petit bénéfice potentiel, mais aussi des risques importants. La décision de faire ce test doit être prise après une discussion avec le médecin, en tenant compte de l’âge, des antécédents familiaux, de l’origine ethnique et des préférences personnelles.[1][2][4]
N’hésitez pas à poser toutes vos questions lors de la consultation pour prendre la décision la plus adaptée à votre situation.
References
- Screening for Prostate Cancer: US Preventive Services Task Force Recommendation Statement. Grossman DC, Curry SJ, Owens DK, et al. JAMA. 2018;319(18):1901-1913. doi:10.1001/jama.2018.3710.
- Screening for Prostate Cancer. Pinsky PF, Parnes H. The New England Journal of Medicine. 2023;388(15):1405-1414. doi:10.1056/NEJMcp2209151.
- Prostate-Specific Antigen Screening and 15-Year Prostate Cancer Mortality: A Secondary Analysis of the CAP Randomized Clinical Trial. Martin RM, Turner EL, Young GJ, et al. JAMA. 2024;331(17):1460-1470. doi:10.1001/jama.2024.4011.
- Screening for Prostate Cancer: A Guidance Statement From the Clinical Guidelines Committee of the American College of Physicians. Qaseem A, Barry MJ, Denberg TD, Owens DK, Shekelle P. Annals of Internal Medicine. 2013;158(10):761-769. doi:10.7326/0003-4819-158-10-201305210-00633.
- Prostate Cancer: A Review. Raychaudhuri R, Lin DW, Montgomery RB. JAMA. 2025;333(16):1433-1446. doi:10.1001/
Messages à retenir
- OpenEvidence est une plateforme d’IA gratuite qui a la particularité de se baser sur des sources évaluées par les pairs (NEJM, réseau JAMA).
- Il est possible de poser ses questions en français.
- Son objectif ? Aider les médecins dans leurs prises de décisions, avec des informations de qualité, référencées.
- Attention à ne pas saisir de données identifiantes.
- La plateforme a surtout été testée aux Etats-Unis, sa capacité d’adaptation au système de santé suisse est une inconnue.
- A tester !
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