La consommation excessive d’alcool est fréquente parmi nos patients, la réduire est pour nous médecins un défi permanent. Même s’il est vrai que les messages de prévention transmis lors d’une consultation peuvent avoir un impact positif, il serait utile de pouvoir faire plus. Une application créée par le service de médecine des addictions du CHUV nous permet désormais d’avoir un impact sur la consommation d’alcool de nos patients, d’une autre façon.
Efficace
En médecine, les applications pour smartphones réellement utiles sont rares, cette application, dont le nom est Smaart, développée par le CHUV doit donc être connue de tous médecins. Un article paru dans le British Medical Journal démontre son efficacité : Smaart a permis de limiter chez les jeunes la consommation d’alcool pendant les 12 mois de l’étude, diminution du nombre de boissons alcoolisées consommées par semaine et diminution du nombre de jours de consommation excessive.
Les bonnes idées
A notre avis, cette application cumule les bonnes idées. Premièrement, la consommation d’alcool est l’une des principales causes de morbidité et de mortalité chez les jeunes, c’est donc une nécessité absolue de s’attaquer à ce problème. Deuxièmement, Smaart utilise, pour atteindre son public cible, un smartphone, un outil que nous avons tous en main chaque jour. Troisièmement, elle propose à son utilisateur un système d’auto-évaluation de sa consommation, une approche qui n’est pas culpabilisante.
En plus de fournir des informations sur l’alcool, Smaart permet d’initier une réflexion sur sa consommation en monitorant cette dernière et son évolution au fil du temps, en la comparant à celles de personnes du même âge en Suisse, en évaluant les risques pour sa santé et en se fixant des limites à ne pas dépasser.
Que pour les jeunes ?
Pour savoir s’il nous est possible de proposer cette application à des patients plus âgés, nous avons posé la question au professeur Nicolas Bertholet, médecin adjoint au Service de médecine des addictions du CHUV et premier auteur de l’étude. Sa réponse :
« Nous avons testé l’efficacité de l’application auprès de jeunes adultes. Toutefois, l’application peut aussi fournir un compte rendu pour d’autres tranches d’âge. Mais l’efficacité n’a pas été étudiée spécifiquement. De manière générale, les indications actuelles concernant les interventions brèves digitales ciblant la consommation d’alcool tendent d’ailleurs à indiquer que ces interventions seraient plus efficaces chez les 50 ans et plus (à noter que l’on parle alors principalement d’interventions par internet). Nous sommes aussi en train d’évaluer l’impact de SMAART dans la population générale et allons donc pouvoir prochainement répondre à cette question. Donc, l’application peut être utilisée par d’autres groupes d’âge en tenant compte du fait que le développement a été fait avec de jeunes adultes et que du coup le design et le ton pourraient ne pas convenir ou être moins pertinents ».
En attendant une réponse définitive, il est donc certainement possible d’utiliser cette application pour des patients qui ont dépassé le temps de la jeunesse, en les avertissant cependant que pour l’heure cette application a été développée pour les jeunes.
Prescrire une application ?
Pour bien prescrire une application, il est nécessaire de bien la connaître. L’idéal est donc de la télécharger et de l’utiliser pour soi durant quelques jours, une façon d’auto-évaluer sa propre consommation mais surtout de pouvoir la présenter à nos patients de façon efficace.
Smaart est disponible gratuitement sur l’App Store et sur Google Play.
L’AUDIT (Alcool Use Disorder Identification Test) version française n’est pas mal non plus
Bonjour,
Je ne connaissais pas ! Merci.
JG Jeannot