Bientôt soignés par des robots?
Avec les dernières avancées en matière d’intelligence artificielle et de robotique, le monde du travail est voué à se transformer, et le domaine médical ne fait pas exception. Il existe aujourd’hui de nombreuses applications d’IA en médecine, par exemple pour traiter d’immenses quantités de données médicales et générer des diagnostics. En robotique, de nombreux robots sont développés afin de soutenir le personnel soignant. Comment évoluera la pratique de la médecine lorsque que l’IA et les robots ne feront plus qu’un ? Serons-nous bientôt collègues avec des robots ?
Investir dans la robotique médicale ?
Dans un monde où le vieillissement de la population et le manque de personnel soignant qualifié posent des défis considérables, l’intelligence artificielle et la robotique émergent comme des solutions potentielles. Toutefois, avant de céder à l’enthousiasme technologique – ou à la peur d’être bientôt remplacé par des machines – il convient d’examiner de près les implications pratiques et éthiques de ces avancées. Prenons l’exemple du Japon, où le vieillissement de la population est particulièrement prononcé. Le gouvernement a investi massivement dans la robotique médicale pour pallier le manque de personnel soignant. Cette approche semble être une réponse pragmatique à un problème pressant. Cependant, une analyse approfondie révèle les points noirs de cette solution.
Les conséquences de l’introduction des robots dans le domaine des soins
La recherche ethnographique menée par le chercheur James Wright au Japon a mis en lumière les conséquences de l’introduction des robots dans le domaine des soins. Il observe que cette transition, en transformant les pratiques de soin, dévalorise le travail du care et réduit les opportunités d’interactions sociales significatives entre les patients et le personnel soignant. Un autre défi majeur réside dans le coût élevé des robots médicaux. Leur acquisition et leur maintenance représentent des investissements considérables pour les établissements de santé, ce qui soulève des questions sur leur viabilité économique à long terme.
Identifier les tâches où les robots peuvent être les plus efficaces
Cependant, cela ne signifie pas qu’il faut cesser le développement des robots médicaux. Au contraire, ces technologies peuvent être une réelle plus-value pour améliorer l’efficience des centres hospitaliers et la qualité des soins prodigués aux patients. C’est le cas notamment des robots-chirurgiens, à l’instar du robot Da Vinci. Plus précises, rapides et moins invasives, les opérations menées avec ce robot, contrôlé à 100% par un chirurgien, permettent un rétablissement beaucoup plus rapide du patient. Cet exemple illustre l’importance d’adopter une approche ciblée dans l’implémentation de ces technologies. Plutôt que de chercher à remplacer le personnel soignant par des robots, il est préférable d’identifier les tâches spécifiques où les robots peuvent être les plus efficaces et décharger le personnel soignant d’une partie de ces tâches.
Des soins de santé centrés sur l’humain
Cette approche permettrait de maximiser les avantages de la technologie tout en préservant l’essence même des soins de santé centrés sur l’humain. En effet, l’aspect émotionnel des soins, la compassion et l’empathie ne peuvent être remplacés par des machines – ou, du moins, ne devraient pas.
En conclusion, l’intégration de l’IA et de la robotique dans le milieu médical représente à la fois un défi éthique et une solution pragmatique. Il est essentiel de prendre en compte les implications sociales, économiques et éthiques de ces technologies afin de les mettre au service de l’amélioration des soins de santé, tout en préservant l’humanité au cœur de la médecine.
Jean Gabriel Jeannot, le 13.04.2024