Téléconsultation : que souhaitent les patients (et les médecins) ?

Cette question concerne à notre avis tous les médecins, qu’ils proposent ou non des téléconsultations à leurs patients. S’ils proposent déjà des soins à distance, ils pourront connaître les canaux de communication préférés de leurs patients. S’ils ne proposent pas encore de téléconsultations, ils découvriront que leurs patients sont prêts à y recourir pour de nombreuses situations.

Une étude genevoise

Cette étude publiée dans JMIR Publications a été réalisée par des médecins genevois, autour des Dres Sanae Mazouri-Karker et Noelle Junod Perron.

Ce travail est original pour plusieurs raisons. La première, il porte sur les préférences des patients et des médecins par rapport à la télémédecine. A une époque où les soins à distance prennent une place grandissante, ce sujet est essentiel. La deuxième raison est d’avoir fait une recherche dans une période post-Covid, en tout cas hors de la période la plus intense de la pandémie, à un moment où le système de santé était revenu à la normale.

Préférences et acceptabilité

Menée à Genève, entre septembre 2021 et janvier 2022, cette étude a évalué l’utilisation, les préférences et l’acceptabilité autodéclarées des patients et des médecins envers la télémédecine (TLM) après les premières phases de la pandémie de COVID-19.

Les résultats de l’enquête, qui a inclus 567 patients et 448 médecins, révèlent que tant les patients (46,5%) que les médecins (55,2%) ont généralement préféré le téléphone par rapport à d’autres formats de TLM. Ils considèrent le téléphone comme acceptable pour la plupart des situations médicales. L’e-mail (73,6% des patients et 68,8% des médecins) était jugé acceptable pour la communication des résultats d’examens et des certificats médicaux (67,7% des patients et 66,2% des médecins). La vidéo était considérée comme acceptable pour le soutien psychologique pour 53,2% des patients et 64,3% des médecins.

Téléphone, mail, vidéo

Ces résultats sont très intéressants. D’une part, ils nous rappellent que lorsque l’on parle de télémédecine, il ne faut pas oublier les moyens de communication déjà anciens que sont le téléphone et le courriel, même si la vidéo, apparue plus récemment, reste la forme la plus évoluée de téléconsultation. D’autre part, ils montrent des taux d’acceptabilité élevés, probablement plus que ce qu’imagine la plupart des professionnels de santé.

Mieux former les professionnels

L’âge avancé était associé à une moindre acceptabilité de la vidéo, tant pour les patients que pour les médecins. Cependant, une utilisation antérieure de la vidéo était positivement associée à son acceptabilité. Ce point nous parait essentiel, tant pour les médecins que pour les patients : avoir testé une fois la téléconsultation permet son acceptation. Cet élément nous faire dire que les professionnels de la santé devraient être formés à cette forme un peu particulière de médecine que sont les soins à distance.

Soins présentiels et soins à distance

Les auteurs de cette recherche déclarent que, malgré le développement de la vidéo, son acceptabilité demeure inférieure à celle du téléphone pour la plupart des problèmes de santé ou des demandes des patients et qu’il est nécessaire de mieux définir dans quelles situations la vidéo peut être sûre et efficace, notamment pour quels patients et dans quels contextes médicaux.

Il reste du travail pour définir avec plus de précisions ce qui peut être soigné à distance et par quel canal, téléphone, mail ou vidéo, mais cette étude nous montre que les soins à distance doivent, dès à présent, être complétement intégrés à notre système de santé.

Jean Gabriel Jeannot, le 02.12.2023